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L’obscurité de la caverne était telle qu’il aurait été difficile d’imaginer un monde, au delà de ses limites. Pourtant, les êtres qui s’étaient réunis là venaient d’au delà des murs rugueux et suintant d’humidité de la grotte : chacun d’eux avait été à Laelith et était revenu ici pour mettre en commun leurs informations.
La première voix qui rompit le silence oppressant du lieu, à peine perturbé par la chute séculaire d’une goutte dans son obstination à fabriquer un pilier roulait comme une pierre dans l'éboulis de la plus haute montagne du monde.
VOIX 1 : j’ai scruté les anomalies. Je les ai observé. Je ne les comprends pas.
La seconde voix commença comme un souffle qui s’acheva dans l’amorce d’une tempête.
VOIX 2 : les comprendre semble inutile, tant que nous les gardons à l’oeil.
VOIX 1 : ils sont restés auprès de Manouk, mais leurs intentions sont floues. Je crois qu’ils n’ont pas confiance en lui.
Une troisième voix retentit, et tel le roulement de la lave semblait emplir la salle froide d’une chaleur fantôme.
VOIX 3 : nous ne savons pas comment ils pensent, restons en à ce qu’ils font.
VOIX 1 : ils ont d’abord visité la ville basse. La mission qui leur avait confié était de trouver une information dans un laboratoire partagé entre les temple du Poisson d’Argent et celui du Crâne. Ils cherchent la date de l’Aquethanaé, le jour où les morts se rappellent aux vivants. Le jour où ils pourront tenter de voler le rubis dans le Fort du vaisseau de pierre.
VOIX 2 : mais il y a eu un problème.
VOIX 1 : plus ou moins. L’homme du nord, Celui qu’on appelle Korg. Il a agressé un passant, puis s’est fait agresser à son tour. On lui a volé sa hache. Et entraîné dans une ruelle.
VOIX 2 : Et l’homme qui a volé la hache s’est rendu au laboratoire avec elle, pour ramener un de ses comparses.
VOIX 1 : c’étaient des initiés
VOIX 2 : du crâne.
VOIX 1 : ils cherchaient un étranger à sacrifier pour obtenir une augure.
VOIX 2 : pour savoir quand était l’Aquethanaé.
VOIX 3 : ils ne savaient pas encore ?
VOIX 1 : non. Les autres anomalies ont vu passer le voleur de hache et l’ont suivi. S’ils n’étaient pas arrivés, le barbare aurait peut être été sacrifié.
VOIX 2 : il n’a pas aimé quand il est revenu à lui
VOIX 1 : non, il n’a pas aimé.
Les voix se turent un instant, et c’était comme si le silence emplissait physiquement l’espace ainsi vidé, repoussant les êtres dans l’obscurité. Le volcan fut le premier à éliminer l’intrus.
VOIX 3 : il a suivi ses assaillants jusqu’au temple. Il a rencontré Drucan. Drucan a été séduit par sa fougue, son potentiel.
VOIX 2 : vraiment ?
VOIX 3 : sûrement.
VOIX 1 : puis il est allé récupérer sa hache dans le laboratoire, comprenant en passant que la date de l’Aquethanaé était toujours un mystère, cette année.
VOIX 2 : mais un mystère sur le point d’être dévoilé…
VOIX 3 : qu’ont-ils fait après ?
VOIX 2 : nous le savons. Ils ont entendu parler du châtiment. Et des quartiers de la ville. Ils ont voulu s’occuper, trouver du travail.
VOIX 1 : ils sont allés au Comptoir de l’Aventure.
VOIX 2 : avant ça, ils ont repéré le fort du vaisseau de pierre. Et ils sont allé au Poisson d’Argent. Pour demander une licence de cuisinier.
VOIX 1 : pour le XC
VOIX 2 : l’autre XC.
VOIX 1 : et au Comptoir, ils ont lu les annonces, et des gens leur ont expliqué pourquoi la plupart sont une mauvaise option.
VOIX 2 : et c’est là que les choses ont commencé à déraper.
Profitant d’une nouvelle trêve, une goutte était parvenue à faire entendre sa voix dans les ténèbres. Sa chute, interrompue par l’écrasement sur le stalagmite naissant a soudainement semblé incongrue. L’emplacement occupé par les trois voix a semblé perplexe. Et un courant d’air a profité de l’intermède pour se glisser dans la caverne à la recherche d’un dos à glacer. En vain.
VOIX 3 : ils ont lu l’annonce qui n’était pas là.
VOIX 2 : elle n’était pas là, et celui qui l’a commentée pour eux n’était pas là non plus.
VOIX 3 : illusion ?
VOIX 1 : émanation.
VOIX 2 : que disait l’annonce. Le sait-on ?
VOIX 3 : ils l’ont répétée à voix haute. Elle disait “Promeneur de réalité cherche à mettre un sonneil à rêver. Si aide possible, contactez Entluï Bocaz, à la frange de la Terrasse du Châtiment”.
VOIX 2 : ils sont allés à la terrasse. Le soir.
VOIX 1 : le soir.
VOIX 3 : le soir.
Si le silence qui s’en suivit pouvait avoir une expression, il apparaîtrait comme consterné.
VOIX 3 : je les ai vu alors qu’ils entraient dans la rue Morte.
VOIX 2 : j’ai senti le vent se lever pour les arracher à la Terrasse et les précipiter dans le gouffre.
VOIX 1 : je m’attendais à les voir venir.
VOIX 2 : le plus léger, Xzaris, a failli passer par dessus bord.
VOIX 1 : ils ne savaient pas qu’il fallait se lester pour entrer dans la rue Morte.
VOIX 3 : non, mais au bout de la rue, ils ont trouvé de l’aide contre le vent assassin
VOIX 2 : Entluï Bocaz.
VOIX 1 : celui qui vit dans la rue Morte
VOIX 2 : celui qui se promène dans la réalité
VOIX 3 : Bocaz a accueuilli les intrus chez lui. Il a refermé la porte sur eux.
VOIX 2 : nous n’avons pas jugé utile d’en voir plus. Les anomalies ne sont plus un problème.
VOIX 1 : à moins que…
VOIX 3 : avons-nous un doute sur la nature de Bocaz ?
VOIX 2 : non, nous avons un doute sur ses intentions.
Cette fois, le silence dura plus longtemps. Tellement longtemps que ce dernier crût bon de prendre ses aises, se lover dans la caverne dont il avait été si inopportunément chassé, et se blottir à l’abri du bruit de la ville, pas si lointaine.
Mais soudainement une nouvelle voix retentit, brisa le silence et le rejetta au loin, en mille morceaux, le long d’interminables couloirs et de milliers de cheminées. C’était une voix venue du fond de la tombe. Une voix qui transperçait les âmes. Une voix qui contenait tout le promesse d’une vengeance trop longtemps repoussée.
VOIX 4 : Si tout est réglé, pourquoi parlons-nous ? Et pourquoi toutes ces voix ?
VOIX 1 : maître, c’est que…
VOIX 2 : … nous ne sommes pas encore tout à …
VOIX 3 : … fait prêts.
VOIX 4 : je suis la Voix. Revenez en moi.
Et les quatre voix se turent, absorbées dans les ténèbres. Immobiles et invisibles. Unies, mais pas encore tout à fait indivisibles.
L’obscurité de la caverne était telle qu’il aurait été difficile d’imaginer un monde, au delà de ses limites. Pourtant, les êtres qui s’étaient réunis là venaient d’au delà des murs rugueux et suintant d’humidité de la grotte : chacun d’eux avait été à Laelith et était revenu ici pour mettre en commun leurs informations.
La première voix qui rompit le silence oppressant du lieu, à peine perturbé par la chute séculaire d’une goutte dans son obstination à fabriquer un pilier roulait comme une pierre dans l'éboulis de la plus haute montagne du monde.
VOIX 1 : j’ai scruté les anomalies. Je les ai observé. Je ne les comprends pas.
La seconde voix commença comme un souffle qui s’acheva dans l’amorce d’une tempête.
VOIX 2 : les comprendre semble inutile, tant que nous les gardons à l’oeil.
VOIX 1 : ils sont restés auprès de Manouk, mais leurs intentions sont floues. Je crois qu’ils n’ont pas confiance en lui.
Une troisième voix retentit, et tel le roulement de la lave semblait emplir la salle froide d’une chaleur fantôme.
VOIX 3 : nous ne savons pas comment ils pensent, restons en à ce qu’ils font.
VOIX 1 : ils ont d’abord visité la ville basse. La mission qui leur avait confié était de trouver une information dans un laboratoire partagé entre les temple du Poisson d’Argent et celui du Crâne. Ils cherchent la date de l’Aquethanaé, le jour où les morts se rappellent aux vivants. Le jour où ils pourront tenter de voler le rubis dans le Fort du vaisseau de pierre.
VOIX 2 : mais il y a eu un problème.
VOIX 1 : plus ou moins. L’homme du nord, Celui qu’on appelle Korg. Il a agressé un passant, puis s’est fait agresser à son tour. On lui a volé sa hache. Et entraîné dans une ruelle.
VOIX 2 : Et l’homme qui a volé la hache s’est rendu au laboratoire avec elle, pour ramener un de ses comparses.
VOIX 1 : c’étaient des initiés
VOIX 2 : du crâne.
VOIX 1 : ils cherchaient un étranger à sacrifier pour obtenir une augure.
VOIX 2 : pour savoir quand était l’Aquethanaé.
VOIX 3 : ils ne savaient pas encore ?
VOIX 1 : non. Les autres anomalies ont vu passer le voleur de hache et l’ont suivi. S’ils n’étaient pas arrivés, le barbare aurait peut être été sacrifié.
VOIX 2 : il n’a pas aimé quand il est revenu à lui
VOIX 1 : non, il n’a pas aimé.
Les voix se turent un instant, et c’était comme si le silence emplissait physiquement l’espace ainsi vidé, repoussant les êtres dans l’obscurité. Le volcan fut le premier à éliminer l’intrus.
VOIX 3 : il a suivi ses assaillants jusqu’au temple. Il a rencontré Drucan. Drucan a été séduit par sa fougue, son potentiel.
VOIX 2 : vraiment ?
VOIX 3 : sûrement.
VOIX 1 : puis il est allé récupérer sa hache dans le laboratoire, comprenant en passant que la date de l’Aquethanaé était toujours un mystère, cette année.
VOIX 2 : mais un mystère sur le point d’être dévoilé…
VOIX 3 : qu’ont-ils fait après ?
VOIX 2 : nous le savons. Ils ont entendu parler du châtiment. Et des quartiers de la ville. Ils ont voulu s’occuper, trouver du travail.
VOIX 1 : ils sont allés au Comptoir de l’Aventure.
VOIX 2 : avant ça, ils ont repéré le fort du vaisseau de pierre. Et ils sont allé au Poisson d’Argent. Pour demander une licence de cuisinier.
VOIX 1 : pour le XC
VOIX 2 : l’autre XC.
VOIX 1 : et au Comptoir, ils ont lu les annonces, et des gens leur ont expliqué pourquoi la plupart sont une mauvaise option.
VOIX 2 : et c’est là que les choses ont commencé à déraper.
Profitant d’une nouvelle trêve, une goutte était parvenue à faire entendre sa voix dans les ténèbres. Sa chute, interrompue par l’écrasement sur le stalagmite naissant a soudainement semblé incongrue. L’emplacement occupé par les trois voix a semblé perplexe. Et un courant d’air a profité de l’intermède pour se glisser dans la caverne à la recherche d’un dos à glacer. En vain.
VOIX 3 : ils ont lu l’annonce qui n’était pas là.
VOIX 2 : elle n’était pas là, et celui qui l’a commentée pour eux n’était pas là non plus.
VOIX 3 : illusion ?
VOIX 1 : émanation.
VOIX 2 : que disait l’annonce. Le sait-on ?
VOIX 3 : ils l’ont répétée à voix haute. Elle disait “Promeneur de réalité cherche à mettre un sonneil à rêver. Si aide possible, contactez Entluï Bocaz, à la frange de la Terrasse du Châtiment”.
VOIX 2 : ils sont allés à la terrasse. Le soir.
VOIX 1 : le soir.
VOIX 3 : le soir.
Si le silence qui s’en suivit pouvait avoir une expression, il apparaîtrait comme consterné.
VOIX 3 : je les ai vu alors qu’ils entraient dans la rue Morte.
VOIX 2 : j’ai senti le vent se lever pour les arracher à la Terrasse et les précipiter dans le gouffre.
VOIX 1 : je m’attendais à les voir venir.
VOIX 2 : le plus léger, Xzaris, a failli passer par dessus bord.
VOIX 1 : ils ne savaient pas qu’il fallait se lester pour entrer dans la rue Morte.
VOIX 3 : non, mais au bout de la rue, ils ont trouvé de l’aide contre le vent assassin
VOIX 2 : Entluï Bocaz.
VOIX 1 : celui qui vit dans la rue Morte
VOIX 2 : celui qui se promène dans la réalité
VOIX 3 : Bocaz a accueuilli les intrus chez lui. Il a refermé la porte sur eux.
VOIX 2 : nous n’avons pas jugé utile d’en voir plus. Les anomalies ne sont plus un problème.
VOIX 1 : à moins que…
VOIX 3 : avons-nous un doute sur la nature de Bocaz ?
VOIX 2 : non, nous avons un doute sur ses intentions.
Cette fois, le silence dura plus longtemps. Tellement longtemps que ce dernier crût bon de prendre ses aises, se lover dans la caverne dont il avait été si inopportunément chassé, et se blottir à l’abri du bruit de la ville, pas si lointaine.
Mais soudainement une nouvelle voix retentit, brisa le silence et le rejetta au loin, en mille morceaux, le long d’interminables couloirs et de milliers de cheminées. C’était une voix venue du fond de la tombe. Une voix qui transperçait les âmes. Une voix qui contenait tout le promesse d’une vengeance trop longtemps repoussée.
VOIX 4 : Si tout est réglé, pourquoi parlons-nous ? Et pourquoi toutes ces voix ?
VOIX 1 : maître, c’est que…
VOIX 2 : … nous ne sommes pas encore tout à …
VOIX 3 : … fait prêts.
VOIX 4 : je suis la Voix. Revenez en moi.
Et les quatre voix se turent, absorbées dans les ténèbres. Immobiles et invisibles. Unies, mais pas encore tout à fait indivisibles.
